L'érotisme, autrement

« L'érotisme trouve son étayage, sa source, et ses ressources, sa primordiale substance et sa visée dominante, avouée ou secrète, dans la sexualité. Mais, s'y fondant tout entier, il la déborde de toutes parts, de sorte qu'on pourrait (...) l'élargir à tout ce qui, selon des modalités et équilibres culturels et personnels d'une extrême variété, relève des expériences, expressions, et visions charnelles, existentielles, artistiques, philosophiques, politiques ou religieuses marquées en quelque façon au sceau de la sexualité humaine. »
(Roger Dadoun, in L'Erotisme)

Qui ne connait pas Etienne Liebig ne peut prétendre au statut tant recherché d'homme (ou femme) de culture. Parlant de lui, certains affirment qu'il viendrait d'une lointaine planète avec l'unique mission de nous faire mourir de rire. D'autres, pourvus d'un esprit retors, affirment que c'est lui qui aurait soufflé à Superman l'idée de mettre son slip "sur" son collant afin de "pécho plus de meufs" Ce que nous savons, nous à la Dionyversité, c'est qu'Etienne écrit des livres au sein desquels s'embrassent et se mélangent scènes de sexe torrides et rigolades outrancières.
Attention, une rencontre avec Etienne Liebig et vous ne lirez plus Marguerite Duras de la même façon.

« L'érotisme, en BD, est paradoxalement plus complexe à mettre en scène et à faire accepter publiquement que ne l'est l'érotisme littéraire au sens strict.
À cela deux raisons : l'infantilisme dans lequel est encore tenu par les instances culturelles le 9e art, et, par ailleurs, un problème d'ordre esthétique et moral : la question de la représentation. L'image, en ce qu'elle possède un impact imaginaire lourd, est plus pesante que les mots. L'érotisme en BD doit alors savoir définir sa beauté singulière et sa liberté.

Historiquement, les premières représentations érotiques dans la BD (notamment américaine) ont évidemment été confrontées à la censure radicale durant de longues années, jusqu'à la (relative) liberté actuelle. Liberté très encadrée : la BD pornographique existe avec difficulté aujourd'hui, même si une part d'érotisme s'est habilement glissée partout, et même si certaines réussites apparentes (Manara, Crepax) donnent une impression de liberté plus large que ne l'est la réalité... »

Fabien Tillon, journaliste et scénariste, a écrit plusieurs ouvrages sur la bande dessinée : Goscinny (2005), Les mangas (2005) et Culture manga (2006) aux éditions Nouveau Monde. En tant que scénariste, il est l'auteur de la Trilogie des ventres creux (éditions Vertige Graphic), dont le premier titre, Les mèches courtes, est paru en avril 2010. Il a collaboré à plusieurs magazines, dont "CULT" sur France5, "Phosphore" et "BoDoi".

Charnel, sensuel, brutal, tendre, obsessionnel, solitaire, soft… Le sexe recouvre une gamme infinie de premières fois. En voici dix exemples : Première fois, Sex Shop, Fantasme, 1+1, 2+1, Nulle, Club, Soumission, Sodomie et X-rated.
Sybilline nous livre dix récits aussi courts que brûlants à travers une BD à laquelle participent dix talentueux dessinateurs. Elle viendra nous parler de la genèse de cette bande dessinée, de la manière dont s'est déroulée sa collaboration avec ses collègues illustrateurs ainsi que de ce que sont pour elle les spécificités du récit érotique.