Autogestion et société

Ce cycle a pour but de sensibiliser les auditeurs de la Dionyversité au fait que l’autogestion relève de plusieurs dimensions (histoire, économie, pédagogie…), et qu’elle est donc un projet global de gestion qui s’applique à toutes les dimensions du social.
Ces 3 conférences-débats visent aussi à souligner que si l’autogestion est une solution sociale, elle est à bâtir de toute pièce, car on ne naît pas autogestionnaire, on le devient.

Il y a plusieurs manières d’aborder l’histoire de l’autogestion.
On peut partir de l’idée que l’expression désigne l’aspiration permanente des hommes à se gouverner eux-mêmes et en rechercher les expressions et les formes depuis l’Antiquité.
On peut aussi, en ne remontant qu’au XIXème siècle, l’étudier comme une tradition du mouvement ouvrier, qui prendrait ses sources théoriques, selon les auteurs, chez Proudhon, Bakounine ou Marx, et en recenser les manifestations concrètes depuis la Commune de Paris.
On peut enfin, et c’est l’approche que nous avons retenue, restreindre encore la chronologie, et considérer que "l’autogestion contemporaine", pour reprendre l’expression de Daniel Guérin, renvoie à un moment très spécifique de notre histoire récente, qu’illustre en France la fortune d’un mot alors "nouveau" et qui connaît aujourd’hui une nouvelle actualité.

L'approche économique :
Le mot autogestion est déjà ambigu dans sa langue d’origine, le serbo-croate, et employé de la même manière en russe, etc. puisqu’il peut s’appliquer tant à une gestion hiérarchique (capitaliste ou non) au niveau, municipal, régional et provincial, qu’à une organisation horizontale, a-hiérarchique, dans l’entreprise, les collectivités agricoles, les municipalités, la région, etc.).
On retrouve la même confusion dans ce qui est désigné comme "self-management" et coopérativisme (de la Banque populaire aux coopératives ouvrières, Scop). On essaiera donc de mieux cerner le concept et surtout de définir à grand trait l’autogestion économique libertaire.

L'approche pédagogique :
Dans les théories pratiques et éducatives "nouvelles" et alternatives, la pédagogie autogestionnaire apparaît dans l’après mai 1968 et se diffuse lentement. On essaiera de voir en quoi celle-ci se distingue ou pas d’autres courants pédagogiques tels ceux de la pédagogie libertaire ou de la pédagogie coopérative.
S’agit-il de formes nouvelles ? D’un rhabillage conceptuel ? D’un effet de mode marqué historiquement ? D’une revendication et de pratiques spécifiques ?
Autant de questions favorables à de fructueuses controverses.

Témoignages avec : Le lycée autogéré de Paris (ou LAP), la Conquête du pain (coopérative ouvrière de production) et l ’AMAP «Court-circuit» :

- - - Le LAP : En 30 ans d'existence, les LAPiens ont démontré que les lycées peuvent être des lieux de liberté, que le plaisir, la curiosité et le travail collectif peuvent être des moteurs de l’apprentissage et que la cohésion d’une communauté éducative peut être basée sur l’autogestion plutôt que sur les hiérarchies et le pouvoir du maître. Des exemples à suivre et à généraliser ?
- - - Court circuit : De la pratique de distribution alimentaire à Saint-Denis à la stucturation d'un mode de gestion autogestionnaire d'un grand nombre de domaine de la vie sociale. Et aussi la démonstration en actes du bienfondé des circuits courts en économie qui impliquent le "consommateur" et le producteur et favorisent une qualité et un contrôle des biens mis à disposition... (projection d’un court métrage)
- - - La Conquête du pain est une boulangerie bio autogérée ouverte depuis 2010 à Montreuil (93). On y trouve 2 sortes de baguettes et plus de 15 sortes de pains, 5 sortes de viennoiseries et même un peu de pâtisserie. Et surtout une pratique de quartier où la boulangerie redevient un espace social impliqué sur le terrain tant par la qualité de ses produits que par les différentes manifestations de solidarité dans lesquelles elle intervient.