En 1991, des coopérants du réseau communautaire Longo Maï surviennent dans un petit village d’Ukraine subcarpatique (plus précisément de Ruthénie), sur le conseil d’un ami journaliste à Moscou. Le but ? En gros, bâtir une ferme et proposer une alternative autogérée et écologique à la privatisation des kolkhozes qui débute.
Parler de « collectif » à la sortie de près de cinquante années de bureaucratie soviétique n’est pas chose si aisée.
Pourtant, le projet sort de terre, sous la forme d’une maison d’abord, puis d’une fromagerie au centre du village. Quelques coopérants se fixent sur place, apprennent la langue et tombent sous le charme d’une certaine rudesse locale. Suivent des mariages, des enfants, d’autres maisons, des engueulades, des échecs, de magnifiques amitiés, des rêves et toujours des chantiers en cours…
Peut-être l’utopie est-elle insaisissable mais du moins, là-bas, les abeilles retrouvent encore leurs ruches.
C’est de cette aventure et des enjeux politiques, économiques et humains qu’elle sous-tend que l’on parlera en se posant la seule question estampillée développement durable et COP 21 réunis : lorsqu’on défèque dans un champ de la plaine beauceronne, y a-t-il plus de produits chimiques dans l’étron ou dans la terre qui le reçoit ?
| Village, fromage et partage :
une expérience de coopérative autogérée en Ukraine
(1991-2016)
Dimanche
10 JANVIER
15h00
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À la fin des années 1930, le quartier de Saint-Germain-des-Prés vivait joyeusement autour de quelques terrasses, grâce aux artistes qui avaient déserté Montparnasse.
Petit à petit fréquenté par des personnalités venues de partout, de cultures multiples, Saint-Germain s’apprête à devenir le quartier du monde entier… avant que l’Allemagne nazie n’envahisse la Pologne, puis la capitale française.
Pendant l’Occup’, on se rend au Flore ou aux Deux Magots, on y cherche Sartre et on y trouve Giacometti ou Audiberti, Dora Marr, Brassaï ou Prévert commentant les événements du monde et de son quartier. Le plus souvent, les assiettes sont vides, alors on fume et on boit des cafés. La gosse Gréco ne roule pas encore les paroles suaves de Vian ou de Prévert…
Paris enfin libéré, 1945 voit naître un frémissement de joie de vivre
où se mêlent politique Rive gauche, rencontres intellectuelles et
musique, sur fond d'existentialisme. Le soir venant, c'est dans les
caves que tous se retrouvent. Le Tabou ouvre ses portes dans une
atmosphère épaisse, presque opaque, lieu de liberté en sous-sol où
le public est lui aussi acteur insatiable de jazz, de boogie-woogie ou
de be-bop forcené. Plus loin, le Club de la Rose rouge laisse place aux
mots, à la poésie, à la chanson, au théâtre ; Yves Robert, Rosy Varte,
Jean Rochefort, Jacques Hilling, les Frères Jacques s'y produisent, et
les célébrités déboulent pour voir ça...
Que cherche-t-on dans ces étranges lieux où se côtoient de
véritables troglodytes absorbant, en guise d'air, « un mélange de
gaz carbonique et de fumée de cigarette », comme le dit Boris Vian ?
La guerre terminée, peut-être faut-il alors donner un aspect
clandestin à la liberté retrouvée, pour mieux l'apprécier… et
imaginer la subversion autrement, pour faire rimer anarchie avec
poésie…
Il s’agira d’évoquer, à travers de multiples anecdotes méconnues qui en ont enrichi la légende, les principaux lieux de Saint-Germain-des-Prés. Mais aussi d’en souligner l’aspect profondément subversif et créatif dans cet après-guerre parisien, centre culturel où se sont côtoyés les artistes venus du monde entier… En discuter nous semble important, à l’heure où ferment beaucoup de lieux de convivialité et de sociabilité.
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Après la guerre, la fête sous terre : Saint-Germain des Prés
avec
Daniel et Marie-Mélodie DELGADO
Dimanche
7 FÉVRIER
15h00
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Les manifestations ouvrières, les barricades plus ou moins insurrectionnelles, les cortèges ou les troubles soixante-huitards ont donné lieu à de nombreuses études. Plusieurs historiens se sont spécialisés dans la recherche de ce "temps suspendu" que peuvent constituer les "manifs".
Pourtant, ces déploiements militants sont sempiternellement corrélés à un esprit "révolutionnaire", les plaçant dès lors sous l’angle de la tragédie, voire de la martyrologie. Or, l’histoire du Quartier Latin regorge de chahuts inconnus ou de monômes s’étant envenimés. Sait-on ainsi qu’en 1893, la condamnation d’un étudiant et de plusieurs modèles pour outrages aux bonnes mœurs à l’occasion d’un « Bal des Quat’z’Arts » au Moulin Rouge furent l’origine d’une série d’émeutes qui provoquèrent l’intervention de l’armée et la fermeture de la Bourse du Travail à Paris ?
Nous tenterons d’emprunter les sentiers emmêlés entre délires festifs et tentation insurgée pour exhumer certaines de ces manifs oubliées, afin de rappeler que joie et insurrection ne sont pas forcément incompatibles.
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L’armée du chahut :
Histoire des monômes et autres manifs étudiantes
Dimanche
6 MARS
15h00
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