Le corps au travail

Dans l'histoire de l'humanité et dans celle de chaque humain, le corps est le premier outil. Pour l'ouvrier le corps est aussi le premier "lieu de travail". C'est au moment où la force physique, qui faisait la fierté ouvrière, est moins sollicitée dans la production, que l'on s'en aperçoit et que le thème de la "souffrance au travail" est pris en compte. C'est souffrance /par/ le travail qu'il faudrait dire, puisqu'il impose sa pollution et ses rythmes à toute activité humaine, érotisme compris.
Décrété bientôt obsolète par les nouveaux tayloristes, certains artistes d'avant-garde et les chercheurs travaillant pour l'armée, le corps humain est aussi champ de bataille idéologique, enjeu publicitaire et pornographique.

Claude Guillon est l'auteur de Je chante le corps critique. Les usages politiques du corps (éditions H&O, 2008).

Nous parlerons du vêtement de travail avec ses dimensions à la fois « intime et sociale », décrivant les sources de fierté, de statut, d’honneur, de légitimité qu’il présente mais aussi les possibles contraintes de l’identité collective, de la culture d’entreprise à laquelle le vêtement renvoie. Bleu, blouse, tablier, EPI, jeans et uniformes militaires ou civils sont autant de signes d’appartenance à des corps de métier, et renvoient aux questions d’aisance, confort, hygiène et sécurité selon les postes occupés.
Les différences de sexe sont aussi mises à l’épreuve : pantalon ou jupe ? Imposé, contraint, choisi, coloré ou traditionnel, le vêtement permet de parler du rapport subjectif entretenu avec le travail, de l’investissement des salariés, il dit à la fois avec humour et sérieux leur façon de vivre leur métier. Et la parole est intarissable dans cet espace car les anecdotes ne manquent pas.

Ginette Francequin est chercheuse au CNRS, et auteur de Le vêtement de travail, une deuxième peau (éd. ERES, 2008).

Après avoir brossé un rapide historique sur le travail des femmes (elles ont toujours travaillé), nous aborderons les conditions actuelles de l'activité des femmes. Même si elles ont été mal comptabilisées, elles étaient paysannes, commerçantes, ouvrières, enseignantes ou infirmières, travailleuses à domicile, bonnes et vendeuses dans ces métiers de toujours : en 1911, en 1975, 8 millions de femmes actives.. et 1990, 10 millions 500 000 femmes en emploi.
Aujourd'hui, elles travaillent toujours dans des conditions plus dures que celles des hommes, surtout si elles sont étrangères. Nous nous appuierons sur les travaux de Margaret Maruani et de Nathalie Lapeyre pour interroger la féminisation et la discrimination de l'activité des femmes en France.
La question du temps de travail est importante, car le temps partiel est il voulu ou imposé ? Toujours est-il qu'il aboutit à une déqualification et modèle le salaire.
Cet exposé sera aussi l'occasion de parler des luttes de femmes pour la dignité dans le travail en citant des travaux (par exemple ceux de Marie-Victoire Louis, de Karen Messing, de Danièle Kergoat). Le fait de comprendre le travail des femmes serait-il une façon de tenter de le transformer pour un mieux être qui tient aussi compte de la santé au travail, qu'elle soit physique ou psychique ?

Au cours de cette séance, projection de travaux du photographe Michel Séméniako sur les femmes au travail.